Maladie de Crohn et grossesse

Les MICI (Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin), dont la maladie de Crohn, sont des pathologies qui n’affectent pas la fertilité en principe. Cependant, certains paramètres doivent être pris en compte selon l’historique médical de chacun.

De la conception à l’accouchement

On constate un risque d’hypofertilité chez les personnes ayant subi une anastomose iléo-anale de près de 80 %. Ce risque est réduit dans le cadre d’une anastomose iléo- rectale. Concernant les effets de la grossesse sur les MICI, l’arrêt du tabagisme est conseillé en cours de grossesse et réduit l’évolution de la maladie de Crohn.

Un risque de rechute en cours de grossesse subsiste s’élevant à 25 % et ce risque passe à 50 % lorsque la conception a eu lieu durant la période où la maladie de crohn était active.

L’avortement spontané, les naissances prématurées et les hypotrophies fœtales sont fréquentes surtout chez les femmes ayant une maladie active, il est donc conseillé d’avoir un suivi médical strict durant le troisième trimestre de la grossesse. L’accouchement par voie naturelle est possible, mais il est préférable de recourir à la césarienne pour celles qui ont subi une anastomose iléo-anale ou ayant des lésions périnéales ou une atteinte ano-périnéale active qui tend à accroitre l’incontinence fécale et le risque d’épisiotomie.

Les médicaments en cours de grossesse et l’allaitement

La plupart des médicaments traversent le placenta, il y a certes des risques mais certains sont à risque très faible tandis que d’autres présentent un risque élevé en gravité et en probabilité. Il convient alors de balancer entre les inconvénients de l’arrêt des médicaments notamment pour les femmes face aux poussées et les risques.

Les corticostéroïdes traversent le placenta mais sont en général compatibles avec la grossesse et l’allaitement. On privilégiera les corticostéroïdes avec courte durée de vie comme la prednisone et la prednisolone qui n’exposent le fœtus qu’à 10 % de la dose maternelle. Il y a un risque très faible de malformation oro-faciale et d’insuffisance cortico-surrénalienne pour l’enfant.

La sulfasalazine, la mesalazine et l’acide 5 aminosalicylique (5-ASA) ne présentent aucun risque à condition que la dose reste inférieure à 3 g/jour. Ces médicaments entrainant un déficit en folate pourtant indispensable durant la période de grossesse, un supplément en acide folique doit être prescrit. Au cours de l’allaitement, ces médicaments peuvent entrainer la diarrhée chez le nourrisson, il convient alors d’arrêter les prises.

Le methotrexate est fortement déconseillé en cas de grossesse car il est à l’origine de malformation sévère au cours du premier trimestre dans certains cas. Un contraceptif doit être associé à sa prise pour éviter tout risque. La prise de methotrexate doit être arrêtée 6 mois avant la conception. La prise de thalidomide est également contre-indiquée.

Pour l’azathioprine et le 6-mercaptopurine, il est préférable d’arrêter les prises 3 mois avant la conception. Néanmoins, un risque d’immunosuppression chez le nouveau subsiste mais c’est rare, il convient alors de surveiller le taux de leucocytes chez la mère et de diminuer la dose prescrite au cours de la 32ème semaine si une diminution est constatée. L’allaitement avec un traitement immunosuppresseur est à éviter.